Il y a dix jours, Facebook a dévoilé son service d’intégration des e-mails dans le réseau social, dans une formule qui tente d’unifier toutes les messageries (messagerie instantanée, SMS, e-mails…) de manière souple et naturelle. Mais il a inauguré par la même occasion une censure automatisée des courriels envoyés à ses contacts.
« Si vous essayez d’envoyer un mail à quelqu’un en utilisant le nouveau système de messagerie de Facebook, et si le message a un lien vers The Pirate Bay, Facebook va refuser sans ménagement (de le délivrer) », relève Geek.com. Le service indique simplement à l’utilisateur que son message n’a pas pu être envoyé parce qu’il « contient du contenu bloqué qui a été signalé précédemment comme abusif ou de type spam ».
C’est bien sûr un excès de zèle de la part de Facebook, qui depuis déjà près de deux ans bloque le partage de liens vers The Pirate Bay, quand bien même aucun jugement définitif n’a encore condamné le site, et même si les liens peuvent conduire à des contenus parfaitement légaux. Le site suédois est inutilement stigmatisé, mais jusqu’à présent la politique de Facebook pouvait encore se comprendre par le caractère public ou semi-public des liens partagés. On peut, même pour de mauvaises raisons, vouloir réguler ce qui est publié sur son site.
En revanche, le fait que la censure s’applique désormais y compris aux e-mails privés qui ne sont pas publiés sur le service en ligne est une dérive plus inquiétante, et plus grave que les accusations lancées contre Gmail.
Pire encore, Le Monde note que même le site Lamebook avait été visé par la censure, avant un retour de flamme. Selon le journal, le site « répertorie les statuts et les discussions les plus honteuses ou drôles du réseau social », mais « depuis quelques jours, Facebook interdit à ses utilisateurs de mettre des liens pointant vers Lamebook, de pouvoir cliquer « J’aime » sur les contenus du site, tandis que la page de fan du site parodique a été supprimée ».
Le réseau social justifiait cette censure, non pas par la protection des droits de ses utilisateurs et de leur image, ce qui aurait été contestable, mais par la protection de la marque Facebook et de son logo, ce qui est condamnable. Facebook ne peut pas prendre ses utilisateurs en otage d’une bataille entre éditeurs.
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