« Le marché du Sénégal est réputé pour sa qualité ». C’est par cette appréciation que l’expert Pape Gorgui Touré a ouvert sa conférence de presse, auparavant déclinée sur le thème accrocheur « Affaire Global Voice : est-ce raisonnable ? » C’est justement parce que l’ancien négociateur du Sénégal sur les accords de l’Omc estime qu’il est plus judicieux de « ne pas mettre le doigt dans un engrenage qu’il prédit gros de risques financiers et diplomatiques ».
Parce que là où le décret confère à l’Artp une « mission de contrôle et de tarification », le Code des télécommunications ne fait mention du dernier vocable qu’à son article 8 où il parle en fait des « principes de tarification ». Or, il se trouve que, d’une part, le Sénégal a opté pour les principes harmonisés de la Cedeao et que, d’autre part, il passerait ainsi du « régime de partage des revenus de répartition au régime dit de la taxe de terminaison ». Toutes choses qui ont été clairement définies dans les recommandations D.150 aux négociations desquelles M. Touré a pris part en tant que porte-parole des Africains. En effet, dans son discours d’introduction à la conférence de presse, l’expert sénégalais a clairement fixé les limites de la taxe de perception composée de la part non partageable (encaissée par l’opérateur de l’appelant) et la taxe de répartition divisée en quote-part conservée (par l’opérateur de départ) et quote-part à payer (à l’opérateur du prolongement national). Il est clair que la Tva étant payée au départ par l’appelant du pays A, le récepteur dans le pays B ne paie pas de taxe fiscale sur le prix du service. Pour l’ancien négociateur du Sénégal, « la notion de quote-part de l’Etat est étrangère au Rti et aux recommandations de la série D. Qui plus est, il est inacceptable, selon lui, de prélever des recettes fiscales sur les citoyens d’autres pays. La difficulté semble se situer au niveau des définitions, le pays de destination étant en fait exportateur de services. L’importateur, c’est l’appelant, celui où est consommé le service frappé donc de Tva. Pour toutes ces raisons, Pape Gorgui Touré souhaite un large débat pour arriver à une position adaptée au système. L’ancien porte-parole des délégations africaines aux négociations de 1996 à 2000, explique qu’il s’agit d’une question complexe à laquelle il a cru devoir apporter sa contribution « en tant que Sénégalais », mais aussi comme directeur général d’une structure (Tactikom) qui, comme tout autre entrepreneur, a tout à perdre en cas de perturbation dans le secteur.
Fara Sambe
Source : Le Soleil, 20 juillet 2010






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