Vous vous souvenez de cette désormais très célèbre arnaque 419 ? Non ? Bien sûr que si, puisque tous les médias planétaires l’ont, maintes fois, évoquée pour nous obliger à nous…arc-bouter sur nos gardes ! Oui, voilà, vous y êtes maintenant. Un internaute vous aborde sur Internet et vous fait une proposition mirobolante, du genre : « Je suis le fils de tel ancien chef d’Etat, ministre ou ambassadeur- généralement des potentats bien connus de tous- et je viens de bénéficier d’un gros héritage que je ne peux pas toucher directement, si vous me transmettez vos coordonnées bancaires, je demanderais que l’on vous vire tant de millions de dollars que vous me remettrez contre une substantielle commission » ! Combien de personnes, prises de vertige à l’annonce de la mirobolante rétribution, ne se sont pas livrées, si l’on peut dire, pieds et poings liés, à ces spécialistes de la « haute voltige », en transmettant, via le Net, toutes leurs coordonnées bancaires, avançant de l’argent pour d’obscurs frais de dossier, et se faisant du coup piéger par ces détrousseurs des temps modernes, qui n’ont pas hésité à les laisser sur la paille en vidant scrupuleusement leurs comptes bancaires, jusqu’au dernier dollar ? On ne peut plus les compter. Dans ce hit-parade de la naïveté, les Américains sont montés sur la plus haute marche du podium, à en croire un dossier réalisé par l’hebdomadaire Jeune Afrique, L’Intelligent, en son temps. Certains sujets de l’Oncle Sam ont été, purement et simplement, délestés de toutes leurs économies contre…du vent ! Alléchés par des missives à en-tête prestigieuse, ils n’ont rien vu venir, rêvassant déjà à tout ce qu’ils pourraient s’offrir, ces paisibles retraités, avec cette commission qui tombait, miraculeusement, du…Ciel ! L’Europe a, également, reçu son lot d’illusions et de désolation. Il ne restait qu’à défricher un autre continent, longtemps laissé en jachère : l’Afrique. Et bien, maintenant, c’est chose faite. En son temps, c’est le fameux slogan « l’Afrique aide l’Afrique » qui mobilisait les énergies. Désormais, c’est au tour d’un autre qui pourrait s’intituler « l’Afrique pille l’Afrique » qui semble faire recette ! Et, comme dit une certaine publicité… « ça marche » ! Comme quoi, on n’arrête pas le…progrès.
Mercredi, en fin d’après-midi, alors que je lisais mon courrier dans ma boite électronique, j’ai reçu la visite d’une, disons, dame, française vivant en Côte d’Ivoire, qui semblait totalement abasourdie par ce que venait de lui apprendre son médecin-traitant, à savoir qu’elle était condamnée et sa mort programmée dans le très, très court terme ! Imaginez ma stupeur…C’est donc, tout à fait humainement que j’ai accédé à sa demande d’échanger quelques mots par chat, afin de la réconforter. Il (parce que je suis sûr qu’il s’agit d’un homme, certains signes ne trompant pas lorsque l’on se met dans la peau de l’autre) a, alors commencé à me narrer, par bribes, « son » histoire. C’est, dit-il, une Française de 65 ans, retraitée, qui s’activait dans l’exploitation du bois-café-cacao et dont le mari est mort, il y a un an, tandis que sa fille est décédée depuis…30 ans. Elle (il) se trouvait, présentement, dans une clinique et son médecin-traitant venait tout juste de lui annoncer qu’il ne lui restait plus que peu de temps à vivre ! Il y avait de quoi troubler, non ? Alors, j’y suis allé de mon réconfort, lui demandant « de croire en Dieu, de se battre, car un miracle n’était pas exclu… » L’échange s’est poursuivi de longues minutes. Puis, d’un coup, elle en oublie presque sa maladie et me pose des questions sur ce que je fais, mon statut matrimonial, me demande de lui envoyer ma photo sur son mail- Yahoo, précisément- alors que nous échangions sur Skype ! Elle émit, même, le souhait de continuer l’échange par mail et lorsqu’elle eut mon e-mail, elle commença à naviguer entre Yahoo Messenger et Skype, en me donnant subitement du « mon amour »…Alors, là, elle acheva de me convaincre qu’il s’agissait d’une classique tentative d’arnaque sur le Net.
De concert avec Djib, mon voisin de bureau immédiat-dont il a utilisé l’adresse mail- , nous décidâmes de le ferrer davantage en le poussant à la faute. Devant mes questions précises sur Abidjan, elle commença à rester évasive, « oubliant » le nom et le numéro de téléphone de la clinique et sa situation géographique, informations que « seul son médecin détenait… ».
Sentant que je commençais à lâcher prise, et après plusieurs « tu es là mon chéri ? », il décida de se jeter à l’eau, me demandant de lui régler les frais d’hospitalisation à la clinique d’un montant de 500 euros, et en insistant sur l’urgence-j’avais oublié qu’elle était… à l’article de la mort ! Lorsque je lui fis savoir que j’étais prêt à faire un geste (du bluff, bien sûr), elle ne me lâcha plus. « Combien tu envoies ? Donne tes coordonnées …Le médecin va aller prendre les sous… ». Dix minutes après, il se ravisa : « maintenant c’est la secrétaire qui va le faire, parce que le docteur sera occupé demain… » Tout cela, dans un français appris de derrière les fagots, pour une…Française prénommée, comme par hasard, Marie ! Jouant le jeu, je demandais les… coordonnées de la secrétaire.
Après 30 minutes d’attente, je les reçois au compte-gouttes : Akan, Victoire, Abidjan, Cote d’Ivoire. Suivait un numéro de portable.
Après, je n’ai eu de cesse de recevoir des : « demain tu le fait (sic) à quelle heure ? Donne tes coordonnées pour quel tapel … » à n’en plus finir. Je prétextais d’une réunion pour prendre congé. Hier matin, en me connectant, je me suis rendu compte que mon Skype était, curieusement, déconnecté, mais j’ai trouvé un monologue sur mon Messenger : « j ss la ; tu as fait le transfert ? il faut l’appeler pour qu’elle puisse allez le retirer, bye bise ; et précise que las pas faire ; car tu n’es pas connecter ; ok… »(sic).
Je me mis aussitôt à travailler, hors-connexion, pour pouvoir vous narrer cette histoire.
A dormir debout ? Que non ! Certains ressortissants d’Afrique de l’Ouest, connus de tous, investissent les cyber-cafés de Dakar et des régions et s’adonnent à leur… sport-favori, 24 heures sur 24. Alors, ne péchez pas par défaut de vigilance sur le Net !
Conseil d’ami
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